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« Et si on posait les mêmes questions aux femmes et … aux hommes ? »

SISTA et Mirova Foundation lancent une campagne pour interpeller sur le traitement des femmes dirigeantes et entrepreneuses par les médias

Au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes, SISTA et Mirova Foundation présentent « Et si on posait les mêmes questions aux femmes et aux hommes ? » : une campagne destinée à mettre en lumière les biais dans le traitement des femmes dirigeantes et entrepreneuses par les médias, et leur impact sur le maintien des inégalités femmes-hommes dans le milieu professionnel.

Dénoncer les stéréotypes qui freinent les carrières des dirigeantes à travers une étude de fond.
SISTA, le collectif qui réduit les inégalités de financement entre femmes et hommes entrepreneurs, et Mirova Foundation, le fonds de dotation du pionnier de la finance durable Mirova, ont mandaté l’agence de communication éditoriale Mots Clés pour documenter les biais de traitement médiatique entre les femmes et les hommes à la tête d’entreprises. L’agence a constitué et analysé un corpus total de 118 articles (interviews et portraits de dirigeants et dirigeantes), provenant de 19 titres de presse généraliste, économique et financière, et féminine. Il ne s’agit pas de pointer de « bons » ou « mauvais » élèves parmi les médias, mais de dénoncer des stéréotypes dont on peut interroger les effets sociaux.

Les femmes dirigeantes dans la presse : entre adolescence professionnelle et « exception » permanente.
L’étude révèle plusieurs biais persistants de traitement médiatique entre femmes et hommes à la tête d’entreprises. On note ainsi 5 thèmes récurrents :

  • Le caractère « exceptionnel » de sa fonction ou de la présence de la femme dirigeante dans un milieu « masculin » est rappelé de façon systématique.
  • « L’action » est réservée aux hommes : les 3 verbes les plus fortement associés aux portraits d’hommes sont des verbes d’actions, tandis que ceux les plus fortement associés aux femmes sont des verbes de « médiation ».
  • Les hommes sont des « experts », les femmes sont… des femmes. 80% des interviews- portraits sur des sujets d’expertise sont portées par des hommes. Les prises de paroles des femmes dirigeantes sont, elles, souvent cantonnées aux thématiques « soft » (c’est-à-dire, non liées au cœur de métier).
  • Éternelle jeunesse : l’expression « jeune femme » apparait 5 fois plus souvent que l’expression « jeune homme », ramenée ainsi à son exceptionnalité dans un milieu masculin. Le traitement médiatique des carrières professionnelles des femmes met en exergue une apologie du doute et des sentiments d’illégitimité, notamment lors de leurs débuts.
  • Féminisme réel ou supposé ? Dans 1 article sur 3, les journalistes interrogent les femmes sur leur engagement féministe qui est devenu un leitmotiv du traitement médiatique des dirigeantes.

Une vidéo décalée et humoristique pour pointer les biais : « Bravo pour votre parcours. C’est très rare d’occuper de telles fonctions pour un homme de votre âge, on n’est pas habitués ».
Pour illustrer de façon décalée les conclusions de l’étude, SISTA et Mirova Foundation ont réalisé avec la société de production engagée Malmö Productions une campagne vidéo dans laquelle huit hommes dirigeants ont répondu à des questions habituellement posées aux femmes. Pendant 3 minutes, Xavier Niel (Iliad-Free), Thierry Déau (Méridiam), Nicolas Hiéronimus (L’Oréal) Frédéric Mazzella (BlaBlaCar), Cédric O’ (Secrétaire d’état), François-Henri Pinault (Kering), Jean-Marie Tritant (Unibail-Rodamco-Westfield), Philippe Zaouati (Mirova) sont interrogés par Allison Chassagne (créatrice de la chaine youtube Glamouze) sur leurs doutes, leur équilibre vie privée/vie professionnelle ou encore leurs difficultés à reprendre le travail après leur congé paternité. La comédie de la situation pointe sans détour les inégalités de traitement que subissent les femmes en situation de pouvoir économique. Elle appelle aussi à une harmonisation des questions et une égalité de traitement afin de permettre d’œuvrer à une véritable égalité des chances.

Tatiana Jama Cofondatrice de SISTA

Alors que la loi Copé-Zimmermann fête ses dix ans et malgré des progrès dans la féminisation des conseils d’administration des entreprises, la féminisation des postes de direction peine à marquer le pas : à ce jour, le CAC 40 ne compte que deux femmes directrices générales, et seule 2 des 15 dernières licornes ont été fondées par des équipes mixtes. A travers cette campagne, nous avons souhaité mettre en évidence la manifestation des stéréotypes dans les médias et leur impact sur l’égalité femmes-hommes dans le monde économique

Anne-Claire Roux Directrice générale de Mirova Foundation

Les biais inconscients sont très difficiles à désamorcer et sont un frein redoutable à la promotion des femmes dans le milieu professionnel. Nous sommes convaincus que la presse peut jouer un rôle majeur dans la correction de ces biais, c’est pourquoi nous avons souhaité accompagner une prise de conscience et inciter les journalistes à aller vers des questions moins stéréotypées ou, à l’inverse, posées de manière égale à toutes et tous.

Étude sur le traitement médiatique des entrepreneuses et dirigeantes

Découvrez l’étude